This post is also available in:
Anglais
L’un des symboles les plus importants et les plus mal compris de l’Egypte ancienne, est le SEMA TAWY. Le SEMA TAWY a été représenté principalement gravé sur le trône des Pharaons et dans bien d’autres endroits. Il s’agit d’un symbole complexe et par conséquent il a été souvent mal compris ou plutôt compris incomplètement dans son sens profond et en fait, principal comme nous allons le voir.
Comme certains d’entre vous le savent déjà, si vous vous intéressez aux représentations symboliques de l’Egypte ancienne, le SEMA TAWY représente, en général, l’union des deux terres: celle de la Haute et celle de la Basse-Egypte. Il se compose d’un axe central: en fait le hiéroglyphe NFR signifiant: perfait, perfection. Cet axe sort et remonte d’un cœur ouvert. Cet axe ressemble également à une artère principale comme celle de la trachée. Et autour de cet axe se nouent les deux plantes héraldiques qui symbolisent les deux terres d’Egypte: La fleur de lotus du Sud et le papyrus du Nord. SEMA signifie: unifier, et TAWY signifie: les Terres. Ainsi, SEMA TAWY est l’union des deux terres, le mariage du Nord avec le Sud. Mais pas seulement comme nous le verrons …
Ces symboles nous parlent de bien d’autres choses aussi. Comme je le dis souvent, dans l’Égypte ancienne, il existe différents niveaux d’interprétations et de significations, dans les écrits, les symboles sacrés et les textes des prêtres et des scribes, des niveaux différents de compréhension possibles selon le niveau de connaissance ou de spiritualité atteint par l’observateur .

La déesse Ouadjet sur le sarcophage d’un prêtre d’Amon- Public Domain-
Parlons d’abord du papyrus. Cette plante est dédiée à la déesse cobra Wadjet qui protège le nord de l’Egypte, le delta. Le Cobra était sacré en Égypte, entre autres sur la couronne du Pharaon parce que le cobra dresse sa tête droite vers le ciel, vers le Divin, et son corps se trouve au sol, indiquant la grille d’énergie tellurique de la planète. C’est donc l’image d’un être terrestre aspirant au Divin, cherchant dans sa posture, à rejoindre le Divin. Par conséquent, le papyrus et le cobra Wadjet, symboles du Nord de l’Egypte, sont en quelque sorte le symbole de nous tous : des êtres terrestres sur la planète Terre cherchant idéalement à se rapprocher du divin, cherchant à rejoindre les cieux, souhaitant des réponses aux raisons de notre présence physique sur Terre ….
Puis, il ya la fleur de lotus: le symbole du Sud dans l’Egypte ancienne. Pendant le coucher du soleil, la belle fleur de lotus, pleine de lumière du jour, se referme et va sous l’eau, atteignant la boue noire, restant dans l’ombre jusqu’à l’aube. Ainsi, c’est semblable au Principe divin descendant sur la Terre, s’infiltrant dans notre densité, sur notre plan matériel. Et le lendemain matin, le lotus atteint de nouveau la surface et la Lumière, et la capte de nouveau. C’est le principe divin qui illumine encore la Terre.
Ensuite, la déesse protectrice du Sud est Nekhbet: la déesse vautour, considérée comme la mère de l’aspect divin du pharaon. En Afrique, le vautour est lié aux amants et à l’amour, car les vautours sont toujours vus en couple. Elle est très protectrice, elle représente le ciel où elle vit, elle est une déesse du ciel.
Il y a donc: le Nord avec ses symboles : le papyrus et la déesse Wadjet dédiés à notre plan matériel et le Sud avec ses symboles: la fleur de lotus et la déesse patronne Nekhbet dédiés au plan divin.
Mais tout d’abord, il est important de réaliser que le peuple d’Égypte ancienne a vécu un type d’existence complètement différent du notre aujourd’hui. Les anciens Egyptiens vivaient chaque jour avec une dévotion complète à ce que nous appellons aujourd’hui: le monde invisible de l’âme et de l’esprit qui trancend notre vie quotidienne ordinaire. Le temps personnel, pour eux, était perçu comme un concept beaucoup plus large qui comprenait non seulement leur temps sur la Terre, mais aussi dans l’au-delà. Parce que, non seulement, ils voulaient atteindre les dimensions supérieures avec droiture et un mode de vie harmonieux, mais ils voulaient le faire avec une parfaite compréhension des lois de l’univers.
![Vase d'albâtre du Sema Tawy de Tutankhamon By Frank Rytell [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)] via Wikimedia Commons Sema Tawy Tutankhamon jar](https://i0.wp.com/gigalinsights.com/wp-content/uploads/2016/08/IMG_1958.jpg?resize=203%2C300&ssl=1)
Vase d’albâtre du Sema Tawy de Tutankhamon By Frank Rytell [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)] via Wikimedia Commons
Ainsi le Sematawy représenté si magnifiquement par le vase d’albâtre de Tutankhamon avec son vase « athanor » et son dieu Hapy du Nil doublé de chaque coté, nous souligne que le contenant d’un vase (son contenu est invisible par essence) fait passer son contenu dans une autre densité et l’élève donc. Le contenu est élevé tout en étant protégé. C’est une belle image de l’intervention divine dans les affaires terrestres ! Et c’est une belle image de la connaissance cosmique primordiale qui perdure à travers les siècles!
Maintenant, rappelez-vous que dans la perception des anciens Egyptiens : l’Egypte était censé se refléter dans l’autre monde, dans le Divin. Au point que, lorsqu’un pharaon voulait construire un nouveau temple, il devait dessiner un rectangle sacré sur le sol et il était dit alors : que le temple existait déjà dans les cieux, puis il pouvait continuer les rites spéciaux pour le construire sur terre … Avant de vraiment le construire dans la matière de notre densité, le temple existait déjà dans l’autre monde, dans les cieux , et cela, dès le début de sa conception sur terre…C’est un principe universel qui donne beaucoup à réfléchir. C’est un principe qui guide toute la philosophie et la spiritualité égyptienne : C’est le fameux principe de:
Ce qui est au-dessus est comme ce qui est en dessous, et ce qui est en dessous est comme ce qui est au-dessus. Faites le miracle de la seule chose. »
Ma certitude est faite, après avoir parcouru (et en continuant) depuis plus de 20 ans l’ Égypte dans ses moindres recoins, pour mes recherches et l’étude des textes anciens, que les anciens pharaons et prêtres ont consacré le Nord, la Basse Égypte aux choses terrestres, à la vie humaine normale, à la vie matérielle, à la vie tangible. Et ils ont consacré le Sud de l’Égypte, la Haute-Égypte au Divin, à l’invisible, au non tangible … C’est pourquoi, à une écrasante majorité, les grands «temples de millions d’années» (Hwt-n t-HH- M-mp.wt) sont dans le Sud (ainsi qu’un bon nombre des « Maisons du Dieu » (hwt-nTr) pour les temples de culte). Et les «temples de millions d’années» ne sont pas pour moi, des temples mortuaires, mais ils sont bien dédiés au «Ka»: notre double divin dans les cieux, ou pour ces temples: au divin double de pharaon ou d’un dieu énergie des cieux, dédiés ainsi à l’autre monde . (Je vais avoir l’occasion de vous parler en détails du ka en détails dans d’autres articles) Ils avaient fait un vrai contrat avec le ciel pour l’avancement spirituel et la protection de tout le territoire en reliant l’Egypte au ciel.
Pour cela le SEMA TAWY était si important, parce qu’en fait le symbole d’un véritable accord, un véritable contrat reliant l’ensemble du territoire de l’Egypte, à la dimension Divine … Pour cela ils ont créé en Egypte même, une reproduction dans le Sud de la terre du Ciel, ce lieu divin, pour matérialiser un véritable mariage entre le terrestre et le céleste en Egypte, pour lier l’Égypte pour toujours au ciel. Donc, ce double accord, cet engagement, cette allégeance au ciel est pour moi la chose la plus importante que nous devons comprendre sur l’Égypte. C’est le sens du double Royaume … Si vous regardez la photo du SEMA TAWY dans cet article, vous verrez que le côté droit est comme le côté gauche. Si vous mettez un miroir au centre, vous verrez exactement la même chose dans la réflexion. C’est une double image: pour les anciens Egyptiens, un côté reflétant l’autre nous parle du terrestre reflétant le céleste.
Et il y a des milliers de représentations duales dans l’iconographie égyptienne, que ce soit dans les symboles, les monuments, les artefacts, comme les statues doubles, les doubles stèles, les doubles tombes, les doubles villes comme Nekhen et Nekheb dans le sud et Dep et Pe dans le nord etc… Autant de rappels que notre monde est le mirroir de l’autre et que nous sommes liés. Chaque fois, les anciens Egyptiens insistent sur le fait que tout est lié à l’autre monde auquel nous sommes étroitement liés. (Très bientôt un autre article sur cette double représentation en Egypte!)
C’est un souhait très sacré pour l’Égypte d’être toujours protégé par les cieux, mais c’est aussi un rappel que les hommes n’ont pas à oublier de prendre soin du divin et de leur prochaine vie parce que l’autre monde est fortement lié au notre. Le principe binaire en Egypte nous enseigne beaucoup de choses … Le Double est un mot clé d’ouverture de leur connaissance. Et nous pouvons voir ainsi que le SEMA TAWY est bien plus qu’une représentation du Sud et du Nord de l’Egypte.
Texte, Photos, traduction & collages © AntoineGigal-2016
Copyright © 2016. Tous les droits sont réservés
Inscrivez vous à ma Newsletter pour avoir des News, les derniers articles, les prochains voyages, des cours en ligne, des surprises bientôt ! https://gigalinsights.com/?lang=fr
-
Bibliography:
-
Wengrow, David: The Archaeology of Early Egypt: Social transformations in North-East Africa, 10,000 to 2650 B.C., Cambridge University Press, 2006
-
Rania Y. Merzeban, Unusual sm3 t3wy Scenes in Egyptian Temples, Journal of the American Research Center in Egypt, Vol. 44 (2008)
This post is also available in:
Anglais
10 comments
Bravo pour les explications détaillées.Dieu à créé toute chose visible de l’invisible: le corps humain est une matière existence palpable au toucher alors que ses éléments chimiques sont invisibles. Le phosphore par exemple est un élément chimique découvert dans nos liquides corporels tels les urines. L’hydrogène s’y trouve également alors qu’il est l’élément chimique qui se combiné à l’oxigene pour donner de l’eau, se transforme en hélium pour donner l’énergie electro-magnetique. Bref, Merci pour ce excellent travail.
Merci Gigal pour ce super article, la notion du double et le miroir nous rappelle bien de choses mais on comprend bien que les Anciens Egyptiens l’avaient bien mieux saisie.
« Instruit le dans la parole du passé; elle fera l’aliment des enfants et des hommes faits. Celui qui la comprend marchera dans la satisfaction du coeur. Sa parole n’engendrera jamais la satiété. »
Préambule du traité de Ptah-Hotep
(papyrus trouvé par M.Prisse)
Un super compliment et une super source ! Merci: en essayant de le mériter toujours et de plus en plus 🙂
le haut le bas d’eGYPte d’hermès trimégiste vizir Ö maÏtre de la haute égypte Ö bélier cybele des hauts pâturage du mésolithique Ö culte du bois d’ËÄU origine de son astronomie du sud ?
Un ciel au dessus du ciel….Contrairement aux étoiles circumpolaires, toujours présentes dans le ciel du nord, les étoiles décanales, dans le ciel du sud, vont disparaître du ciel un certain temps au cours de l’année Dans le ciel méridional, les étoiles, après leur premier lever à l’est, parcourent, durant l’année, le ciel d’est en ouest; puis, elles se couchent derrière l’horizon ouest et leur temps d’invisibilité annuelle dépend, pour chacune, de sa position et de ses caractéristiques propres.Au nord, les formes étoilées des constellations, bien que mouvantes, ne disparaissent jamais ; au sud, les corps astraux peuvent être absents du ciel selon des rythmes spécifiques.Le ciel septentrional ghr.t et le ciel méridional gb.t,pour les anciens égyptiens les étoiles ne naissent et ne « meurent » que dans le ciel du sud.Et Le ciel du sud a la prééminence sur le cielcar lorsque les données s’organisent en registres, le ciel méridional occupe toujours la première position.Sur les sarcophages, les noms des décans forment ce qu’on appelle les « horloges stellaires », qui inscrivent pour chaque décade d’une année les noms des douze étoiles-décans qui vont indiquer les douze heures de la nuit.Et les mois sont constitués chacun de trois périodes de dix jours, appelées les décades, qui sont inaugurées par le lever de l’une des étoiles-décans.
Passionnant ! Merci infiniment, j’apprécie beaucoup.
Merci !
Bravo! je partage tout à fait cette belle analyse… Il y a plus encore à creuser je crois… mais c’est une belle avancée!! Merci…
des sujets pareils demandent des centaines de pages , j’en écris aussi mais j’essaye dans ces articles grand public de dévoiler peu à peu et en synthèse des aspects majeures de l’ancienne Egypte surtout ceux qui sont restés incompris ou peu connus.Merci!