Antoine Gigal in Karnak temple

Temple de Karnak la Matrice de la Création

by Gigal
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Peu de gens vous disent, quand vous arpentez l’immense temple de Karnak à Louxor dans le sud de l’Egypte, que vous  marchez en  fait,  dans  la matrice  de la  Création…et pourtant,  comme  nous  allons  le  voir,  vous  marchez  carrément   dans  le  coeur  des  composants  du  processus  de Création, dans des éléments créant et célébrant différents niveaux de conscience, activant l’énergie d’un potentiel illimité, car ce temple a été conçu ainsi depuis des millénaires.

Comment pourriez-vous vous en aperçevoir  alors qu’une immense complication vous attend quand vous voulez visiter ce gigantesque temple de Karnak? En effet, le majeur obstacle que rencontre le visiteur d’aujourd’hui, c’est que vous avez à faire à un très vaste domaine de plus de deux km carrés : véritablement le plus vaste complexe religieux de l’Antiquité.  Et outre que vous êtes facilement désorienté dans cette succession d’espaces différents et mélés à la fois, vous faites face à une superposition d’édifices, de modifications, d’ajouts, de remaniements de différentes époques sur plus de deux millénaires

Temple de Karnak,Photo©Antoine Gigal

Le plan du Temple de Karnak à Karnak, Photo©Antoine Gigal 2016

En effet on peut dire que les parties les plus anciennes remontent jusqu’à l’Ancien Empire, (2700-2200 Av,J.-C.) elles sont toujours là au nord, même si elles ont été très pillées à travers les siècles, avec l’enceinte de Montu (20.000 m²) comprenant plusieurs temples pour son culte.  Ce qui nous intéresse ici c’est que Montu est une ancienne énergie de la ville d’Hermonthis, énergie représentant la protection par les armes, c’était un guerrier très redouté (son nom signifiait: « Le Voyageur« , il est représenté avec une tête de faucon et deux grandes plumes, le dique solaire et les deux cobras royaux). Et ensuite il y a des parties du Moyen Empire, du Nouvel Empire, et des Ptolémées.

Mais au passage retenons surtout que Montu le guerrier féroce est sensé pour les anciens égyptiens garder magiquement le temple de Karnak, car pour eux la guerre et le combat sont associés à la création du monde et à sa transformation.

Temple de Mout à Karnak par Lepsius ,Domaine Public

Temple de Mout à Karnak par Lepsius, Public Domain

Les autres grands sanctuaires principaux du temple de Karnak sont : le grand sanctuaire d’Amon : le dieu premier de la Création (250.000 m²) le seul visitable, le temple de Mout et son lac sacré la déesse-mère (150.000 m²), le temple de Khonsu (le voyageur) avec son disque solaire et son croissant solaire, assimilé à Thot : le Maître du Temps, le temple d’Apet/Ipet/Opet datant de Ptolémée mais sur un monument bien plus ancien de Toutmosis III, sur une butte représentant la première terre de la création, et avec une chapelle dédiée à la résurrection, puis le petit temple de Ptah le forgeur-créateur.  La triade sacrée de Thèbes/Louxor est bien celle de Amon-Mout-Khonsu: Le créateur invisible, la mère créatrice et protectrice à travers le Temps infini des cycles perpétuels.

Precint of Amon in Karnak

Enceinte d’ Amon-Ra à Karnak, Public Domain Wikimedia Commons

Dans le temple de Karnak, Photo©AntoineGigal-2016

Dans le temple de Karnak, Photo©AntoineGigal-2016

Donc,l’essentiel, le fil conducteurs à travers tous ces temples, ces chapelles, ces différents enclos  et halls, ce sont les mots clés : TransformationsCréation, la Mère, le Temps, Première Création… Et d’autant plus que tout l’ensemble des temples formant Karnak se nomme : le siège d’ Apet/Ipet/Opet, la femelle de l’hippopotame qui symbolise la matrice de la gestation et la naissance. De plus la racine IP dans : « Ipet » vient du mot : » multiplication, déconter.

Pilliers de la Créations

Les Piliers de la création, colonnes de poussière interstellaire situées dans la nébuleuse de l’Aigle Par NASA, ESA, et le Hubble Heritage Team (STScI/AURA) [Public domain], via Wikimedia Commons

Le temple de Karnak c’est : le temple d’ Ipet Swt Amon réside et qui fait face à l’ouest, à coté d’ Ipet Resyet  à deux km qui est en fait, le temple de Louxor proprement dit, qui fait face au nord, et où Amon est né.  Et on fêtait donc chaque année, la renaissance d’ Amon dans un trés grand festival-procession, celui, d’Opet/Apet/Ipet qui reliait alors, le temple de Louxor au temple de Karnak dans une lente progression cérémoniale, une gestationrenaissance scénarisée et renouvelée.

Pour revenir au temple de Karnak seul, nommé aussi :  Ta-Ipet-Isut : « la plus estimable des terres », il devait représenter à l’origine beaucoup plus simplement et clairement les trois phases de la gestation, à savoir les 3 trimestres de gestation : Le premier trimestre : de l’ovulation au foetus complet. Le deuxième trimestre : le réveil des sens du foetus et le mouvement. Le troisième : le développement des poumons et la sortie au monde. N’oublions pas que le temple égyptien abrite toujours le principe divin, l’énergie créatrice dans son espace sacré et qu’il est entouré de grandes enceintes sensées protéger de toute incursion profane ce lieu où a lieu régulièrement des cérémonies qui miment la création et la résurrection pour remettre de l’harmonie dans le monde, pour générer sans arrêt de l’équilibre contre les forces destructives. Le temple est alors comme le ventre d’une mère qui protège, mieux que quiconque, son enfant à naitre et  à renaitre et par delà donc : tout le processus de création. D’ailleurs, l’illustre  Schwaller de Lubicz,  ne s’y était pas trompé, il écrit : « Le nom de Karnak signifie donc conformément à la fonction enseignée en cet ensemble de temples, le lieu des trois sièges ou principales phases de la gestation« .  

Taweret

Taweret dessin par Jeff Dahl via 0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0-3.0-2.5-2.0-1.0)], via Wikimedia Commons et photomontage par Gigal.

Pour moi cela représente aussi les 3 feuillets de l’embryon: l’épiblaste, le mésoderme et l’endoderme,: les 3 couches qui vont former toutes les structures de l’embryon et du foetus: la protection en fait de notre humanité et par extension de l’humanité.

Ipet/Opet/Apet, la déesse hippopotame se nommait aussi Taouret (« Ta Ouret« : la grande),( même si elles ont pu être deux entitées hippopotames séparées à une époque), puis  devient Thoueris en Grec (Θουέρις). Il faut comprendre que la femelle hippopotame par sa rondeur représente la fécondité mais aussi comme elle donne naissance dans l’eau, elle évoque l’immense océan entourant la première terre, l’île primordiale de toute la création pour les anciens égyptiens et donc par là, la survivance, l’énergie de vie et la capacité à défendre ses enfants envers et contre tout. Elle est la plus grande protection qui soit : la maternelle, et elle est souvent représentée avec le grand symbole de la protection : le Sa et l’ Ankh de vie.  Ses pattes postérieures sont celles de la lionne ( pour sa démarche sûre et déterminée et sa capacité d’attaque), son dos est celui du crocodile  (pour sa domination de l’élément eau et sa férocité) son corps est celui de l’hippopotame et ses seins sont d’une femme. Elle est hybride pour mieux protéger. Parfois elle porte un couteau pour faire fuir les mauvais esprits et le collier Ménat de fécondité. Elle est liée bien sûr aux crues nourricières du Nil. Dans le ciel, Taouret est représentée par une constellation où elle retient prisonnier la monture de Seth (représentée par un taureau), donc elle enchaîne les forces du mal.

Karnak temple par David Roberts

Dessin parDavid Roberts RA, artiste et Haghe, Louis, 1806-1885, lithographe. [Public domain], via Wikimedia Commons

Ajoutez à celà que l’on trouve une signification du nom Khonsu dans l‘Ancien Testament Apocryphe (3Macc 6/38) qui est interessante, car désignant le 9ème mois (comme dans un accouchement).

Yoni Lingam Par Pratheepps

Yoni Lingam Par Pratheepps [Copyrighted free use], via Wikimedia Commons

Le temple de Karnak en 1914

Le temple de Karnak avant restoration en 1914-Cornell University Library,WikkiCommons

Il y a beaucoup de versions différentes  pour l’étymologie du nom Karnak , une que je retiens en partie est celle qui l’assimile au mot Khawarnak qui viendrait d’Irak pour désigner une forteresse, désignation ensuite utilisée pour les pavillons de chasse par les caliphes. Mais celle qui me contente pleinement, est bien plutôt celle du sanskrit védique que j’ai pu étudier à l’université : KAARNAHK désignant : la chambre du coeur ! Et quand on regarde le plan du temple on ne peux que penser à l’image du Yoni, qui en sanscrit désigne: le divin passage, la la matrice, le temple sacré, la source d’origine, le lieu de naissance, la fontaine de renaissance... et on pense aussi à l’image du lingam quand on voit l’obélisque sacré…et alors l’hiérogamie s’accomplit, les forces sont en présence  pour que la Création se pérpétue et que la Créativité aussi puisse perdurer dans notre monde.

J’éspère que si un jour vous progressez ou revenez  à l’intérieur de ce temple de Karnak, vous le verrez sous un autre jour désormais, avec toutes ces informations… je vois trop souvent des touristes, un guide à la main, cherchant machinalement tel hall, ou telle partie construite par Toutmosis ou un autre, mais en perdant totalement l’essentiel : vous êtes véritablement dans une réplique ici-bas, de la matrice de la création et si vous en devenez conscient, votre progression sera alors bien différente et respectueuse et vous pourrez alors percevoir sans doute, des changements incroyables autour de vous et en vous…

Texte, Photos & collages ©AntoineGigal-2016

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Bibliographie:

Ernest Alfred Thomson Wallis Budge :  Egyptian religion, London,1900 - Bell Publishing, New York, (posthume) 1959.  Et : The gods of the egyptians, or, studies in egyptian mythology, Methuen & Co. ltd., Londres, 1904 - Dover Publications, (posthume) 1969.

R.A. Schwaller de Lubicz: Les temples de Karnak, Dervy,Paris,1950-1982

Géraldine Harris : Gods & Pharaohs from Egyptian Mythology, Eurobook Limited, London, 1981.

Emily Teeter : Religion and ritual in ancient Egypt, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 2011.

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4 comments

Valérie dite madoo janvier 14, 2020 - 8:56

Merci dame Gigal
C est très complet comme explication
Retrouvons le sacré et nous deviendrons de vrais humains.

Reply
corinne décembre 28, 2016 - 8:19

« Etres de l’En-bas, enfermés dans votre sommeil, réveillez-vous ! Parmi vous, certains ont converti l’obscurité en lumière et l’amertume en douceur avant de se retrouver ici » Zohar
Merci Antoine Gigal pour toutes ces lumières.

Reply
Phidor décembre 26, 2016 - 4:14

La Matrice chez les Anciens Égyptiens un sujet des plus passionnant ! Merci !

Reply
Gérard Chareyre décembre 22, 2016 - 9:58

Merci pour ces éclairages. je possède une grande partie des œuvres des Schwaler de Lubicz. Et je déplore de ne pas me rendre assez souvent à Louxor pour là aussi m’imprégner du ressenti (in situ) qui va bien au-delà de l’archéologie traditionnelle…

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